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Patricia Urquiola, l’ibère star du design

C’est une simple marmite en acier inoxydable, dont la seule fantaisie se résume à ses formes légèrement évasées et, sur son couvercle, à une petite prise s’inspirant du pompon des bérets basques. Lequel couvercle est pensé pour pouvoir y retourner une tortilla. « On est tous très influencés par notre jeunesse, notre enfance », remarque Patricia Urquiola, qui est allée puiser dans ses lointains souvenirs au Pays basque pour dessiner Edo, une batterie de cuisine imaginée pour l’éditeur italien Alessi.
Si elle se considère comme une designer milanaise – la métropole lombarde étant sa ville d’adoption –, c’est par ces petits détails semés dans ses multiples projets que cette native des Asturies rend hommage à ses origines. Sans compter, évidemment, les « pero » (« mais », en espagnol) qui émaillent son discours en interview.
Après une formation d’architecture à l’université de Madrid, Patricia Urquiola commence à étudier le design au célèbre Politecnico de Milan, dans les années 1980. Etudiante puis stagiaire de l’immense Achille Castiglioni, elle s’affirme au fil des ans dans l’univers du design italien, notamment par sa maîtrise de la chromie, en lançant la mode des tons turquoise, violets, terracotta, marron et en osant l’irisé, comme pour la table en verre Shimmer.
« Mais attention à ne pas relier mon goût pour la couleur à mes racines espagnoles ! Je suis originaire du versant sévère de l’Espagne, celui de la côte Atlantique, pas celui du flamenco. Et puis, je n’utilise pas une couleur gratuitement. Elle est toujours associée à une autre teinte dans un dialogue, comme peuvent le faire l’ombre et la lumière. Ce travail, je le développe particulièrement avec Cassina, dans les scénographies et le mobilier. »
Des plus prestigieux (en particulier Cassina, dont elle est la directrice artistique) aux plus confidentiels, qui lui permettent « d’ouvrir ses antennes », les éditeurs de design s’arrachent les créations que Patricia Urquiola élabore dans son studio milanais. Parmi les « hits » du design qu’elle a signés figurent la lampe Caboche de Foscarini, les chaises Tropicalia pour Moroso, ou Dudet siglé Cassina, mais aussi l’aménagement d’hôtels, comme Il Sereno, au bord du lac de Côme (Italie).
Depuis quelque temps, la designer hispano-italienne se concentre sur l’invisible, en se focalisant sur la circularité des matières premières et les biomatériaux, « y compris pour des modèles anciens dont nous devons absolument adapter la production à l’urgence écologique actuelle ». Elle a ainsi livré les tables basses Babar en rebuts de verre chez Glas Italia et privilégie, pour la garniture de ses canapés, des duvets écologiques. « Mais je m’intéresse aussi à la création de nouvelles typologies de meubles. Aux traditionnels fauteuils et chaises longues, je préfère désormais des meubles aux formes plus conviviales, Insula, par exemple, un canapé modulaire comme un îlot de vie dessiné pour Kettal, qui s’inspire des sièges traditionnels des majilis arabes. »
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